jeudi 24 décembre 2009

Une expérience en Pot-Limit Omaha

Depuis que je suis rentré chez Winamax mi-2008, j’ai décidé de quitter les MTTs en ligne (excepté certains dimanches) pour recommencer avec le cash-game.

J’ai très vite réalisé que j’avais peu, voir pas, de “value” à jouer en No-Limit Holdem dans les hautes limites. Les joueurs réguliers sont relativtnement prudents et les gros coups sont joués lors de confrontations inévitables… Alors que pendant ce temps, sur les tables de Pot-Limit Omaha, les joueurs se déchainent d’actions constantes et de gambling insensé. Personne ne sait réellement ce qu’il fait…

Mon choix est vite fait : il faut que je maitrise absolument ce jeu !

Je recherche un ouvrage sur le sujet et je trouve uniquement un livre écrit par Rolf Slotlboom. que je lis sans réelle conviction d’apprendre quelque chose (hormis la double relance avec AAxx pour induire un 3-bet). Le meilleur moyen d’apprendre, c’est de jouer. Je décide donc d’attaquer, de manière sérieuse et passionnée, sur les tables de cash-game Pot-Limit Omaha sur Winamax.

Très vite, je suis surpris par le mauvais niveau des tables de 5-5$ et de 10-10$. Les joueurs y sont scared money et straightforward à la fois. Je réalise que les tapis avant le flop à ce jeu sont juste une blague… C’est impossible de trouver une meilleure situation qu’un 60/40.

Je réalise aussi que la guerre se fait entre le joueur possédant AAxx et le joueur voulant essayer de les craquer. Seulement à ce jeu, l’American Airlines est quelque peu moins solide et perd très/trop souvent.. Lorsqu’un joueur 3-bet, il aura 80% du temps AA. Lorsqu’il 4-bet, on peut passer ce chiffre à 98%.
A Partir de cette logique, j’ai commencé à juste payer avec AA lorsque nous sommes très profonds, et a énormément 3-bet d’autres mains (4567, 89JQ, 7799, …). Si mon adversaire me 4-bet, je serai la plupart du temps prêt à répondre d’accord pour gamble (sauf parfois avec KKxx par exemple), sachant que j’aurai toujours au minimum 40%, donc la côte du pot m’est toujours favorable.
Et si il paie uniquement mon 3-bet, cela prouvera qu’il ne possède pas de paire d’as. Ce qui permet de voler très souvent au flop avec un simple continuation-bet de la moitié du pot lorsqu’un as arrive au flop ou sur un autre flop comme KKT, TJQ ou encore 225… Et lorsque le flop coordonne avec ma main, mon adversaire ne me verra pas sur cette range.
C’est ce qu’on appelle « la deceptive value » : embrouiller la lecture de notre adversaire en jouant à l’opposé de la théorie… Cette façon de jouer m’a très vite prévalu une réputation de fou sur les tables de Winamax, au point de me faire insulter régulièrement sur le chat !

J’avais l’impression d’avoir un edge, celui d’être prêt à gambler contre des adversaires qui eux sont effrayés par le risque et vont éviter de jouer trop de coinflip malgré la dead money. Et c’est en ramassant énormément de coups sans showdown que je comblerai l’équité de mes showdowns.
Je réalise que la différence entre les joueurs gagnants et perdants en PLO se décide à la rivière. C’est là que l’edge se ressent le plus : la faculté de prendre un maximum de value sans ne plus pouvoir perdre le coup ou encore savoir jongler avec le métagame et notre image pour bluffer ou maximiser.
Ensuite, j’ai découvert qu’à la rivière, lorsqu’un joueur mise le pot, la situation est totalement polarisé. Soit il est max (et c’est le cas la plupart du temps) et il veut prendre le maximum de value, soit il n’a absolument rien (de temps en temps) et c’est le seule moyen pour lui de s’en sortir.
A partir de ce moment-là, pourquoi payer une mise du pot avec le troisième meilleur jeu possible et coucher avec une petite double paire lorsque la couleur est rentrée ?
C’est là que j’ai commencé à faire énormément de « Hero Call » et de « Hero Fold » à la rivière.

Hero Call
1. Lorsque le kicker compte.
Kitbul posts small blind ($50), B24 THEO posts big blind ($50).
Avant le flop
pokerillo1 folds, Kitbul bets $100, B24 THEO calls $100.
Flop 3 5 9
Kitbul checks, B24 THEO checks.
Tournant 3
Kitbul checks, B24 THEO bets $200, Kitbul calls $200.
Rivière 9
Kitbul checks, B24 THEO bets $700, Kitbul calls $700.
Showdown
B24 THEO montre 7 4 2 A : hauteur As-7
Kitbul montre K T Q A : hauteur As-Roi
Kitbul remporte $2,098.
2. Ace high peut donc suffir en PLO… Ici, le check de mon adversaire sur le tournant est révélateur d’un tirage.
Avant le flop
klutt300 folds, chronictilt bets $40, phyren folds, Molotov44 folds, Kitbul calls $30.
Flop 4 K 3
Kitbul checks, chronictilt bets $90, Kitbul calls $90.
Tournant 8
Kitbul checks, chronictilt checks.
Rivière 3
Kitbul checks, chronictilt bets $130, Kitbul calls $130.
Showdown
chronictilt montre 7 9 Q T : hauteur Dame
Kitbul montre A Q 5 6 : hauteur As
Kitbul remporte $527.
3. Mais parfois, c’est inévitable, l’héroisme conduit à l’échec !
Avant le flop
DubaiDobbel bets $60, ngrL bets $180, Kitbul calls $180, DubaiDobbel calls $135.
Flop K 2 A
ngrL checks, Kitbul bets $435, DubaiDobbel calls $435, ngrL folds.
Tournant 6
Kitbul checks, DubaiDobbel checks.
Rivière 8
Kitbul checks, DubaiDobbel bets $900, Kitbul calls $900.
Showdown
DubaiDobbel montre 5 9 4 8 : paire de 8
Kitbul muck 7 5 4 2 : paire de 2
DubaiDobbel remporte $3,253.

J’aimais aussi préparer des bluffs sur la rivière, en payant par exemple une mise à la hauteur du pot au tournant avec un tirage quinte sans avoir la cote mais en sachant que si la couleur rentre, je pourrai la représenter. J’avais l’impression d’avoir acquis un edge à la rivière.
En gros, j’avais un jeu créatif. Non seulement j’attirais la foule parce qu’ils savaient qu’avec KitBul, il allait y avoir de l’action, mais en plus de cela, je m’amusais comme un petit fou. Passer des MTTs au cash-game en PLO, c’est comme passer du vélo à la F1, ou encore de la danse à la boxe !
C’est très excitant, voire même addictif !

Le phénomène Good Run/Bad Run

Le problème, c’est que je gagnais tous les jours… et trop facilement. La fréquence de gains était anormalement élevé pour un jeu aussi volatile. Je réalisais certes que je runnais good mais en revanche, je ne réalisais pas ce que représentait un bad run en PLO… En jouant de la sorte, ma variance allait être beaucoup plus volatile qu’un joueur plus solide.
Après vingt jours de gains d’affilée et un cashier atteignant les six chiffres, je suis en sur-confiance alors que j’affronte un joueur régulier du site. Il me prend vingt caves de suite en heads-up en à peine 4heures, soit 70% de mes gains…
Le tilt en PLO ne pardonne pas. Même si je ne suis pas un joueur qui tilte facilement, je dois avouer avoir été affecté par le « sickissisme » (et le mot est faible) de ce jeu. Je ne vois pas pourquoi je devrai ralentir ou changer de vitesse quand je ne « run » pas bien… C’est une théorie guère rationnelle à mes yeux. Mais je dois bien l’avouer, cela m’aurait permis d’éviter de m’enfoncer en si peu de temps…
Tout ce que racontent ces joueurs « old school », de dire que quand t’es en « good run » tu peux jouer beaucoup de coups et que quand t’es en « bad run » tu dois faire le mort, aurait donc du sens ?
En tout cas, tu as des périodes où tu te sens invincible et d’autres où tu ne gagnes plus un coup. Ces phénomènes ont l’air de bien exister, même si la confiance à un rôle là-dedans elle ne peut pas tout expliquer…
Et il est où le bouton pour quitter la table ?
En tout cas, tout les joueurs réguliers des tables de PLO ont chacun connu à leur tour LE jour de chute, : cette journée où tu ne gagnes pas un coup et où tu deviens complètement fou. C’est pourquoi le STOP LOSS est essentiel et la clef du succès à ce jeu. Ce n’est pas pour rien que Phil Ivey quitte la table après deux ou trois caves perdues et est le plus gros gagnant du site.

Je décide de re-grinder petit à petit les limites 10-10$ et 20-20$, en jouant un maximum de quatre tables en même temps et en sélectionnant mieux mes mains de départ. Je découvre aussi que l’induce bluff en PLO se fait en misant, et non pas en checkant.
Voici un exemple où je mise sur la rivière en sachant que mon adversaire sait pertinemment bien que je ne peux pas détenir les « nuts » (à savoir 35 pour une quinte) car dans ce cas, j’aurais relancer au tournant 100% du temps. Et comme c ‘est un jeu où on ne joue qu’avec les « nuts », il va tout faire pour tenter lui de représenter cette quinte que je ne peux pas avoir.
Je sais qu’il n’y a pas beaucoup de value à miser sur la rivière, mais je le fais pour induire un bluff… Et cela fonctionne.

1. Induce Bluff
badfish10 posts blind ($50), Kitbul posts blind ($50).
Avant le flop
badfish10 raises to $100, Kitbul raises to $300, badfish10 calls $300.
Flop 4 9 2
Kitbul checks, badfish10 bets $450, Kitbul calls $450.
Tournant 6
Kitbul checks, badfish10 bets $1,500, Kitbul calls $1,500.
Rivière A
Kitbul bets $3,375, badfish10 raises to $14,625, Kitbul calls $10,350 and is all-in.
Showdown
badfish10 montre K T 5 9 : paire de 9
Kitbul montre 8 Q 9 A : deux paires As-9
Kitbul remporte $25,199.

Le scénario se répète… Je gagne presque tous les jours avant la journée où rien ne va, et où je ne respecte pas mes stop-loss que je m’étais promis de respecter. Au total mon cashier aura atteint quatre fois les six chiffres, en gagnant presque tous les jours et en reperdant presque tout en seulement un ou deux jours…
Mentalement, lorsqu’on a été éduqué en respectant l’argent, c’est difficile de ne pas être affecté par le fait de perdre le salaire annuel d’un cadre en quelques heures. Le problème est donc que les jours de perte sont beaucoup plus douloureux que la joie que procurent les victoires. C’est dur de dormir la nuit suite à une grosse défaite.
Quand on voit les nombreux joueurs qui se sont installés à cette limite sur le réseau Ongame, on se rend compte que très peu tiennent sur le long terme. Les rares sont les joueurs solides comme Antony Lellouche. Car même s’il n’a pas de Stop Loss, sa variance est plus contrôlée.
En PLO, l’important n’est donc pas d’être uniquement bon techniquement mais d’être intelligent et professionnel dans son attitude. De profiter des erreurs et surtout des tilts des autres.
Après tout ce jonglage, je parviens néanmoins à en retirer un gain et ainsi maintenir une bankroll online suffisante. Mais je suis maintenant conscient que cet argent peut s’évaporer en un rien de temps dans les hautes limites.

Ce jeu m’a aussi donné de mauvais réflexes pour les tournois lives de No-Limit Holdem. Et a même entièrement déréglé mon jeu pour les derniers tournois de l’année :
- J’ai abusé de la « deceptive value » en sur-relançant systématiquement mes suited connector et en payant uniquement une relance avec AK ;
- J’ai aussi perdu de ma patience, en voulant m’investir dans chaque spot jouable pour compenser mon manque d’action ;
- J’ai pris goût des tirages en tentant en tournoi de craquer une paire d’as cent pour cent détecté, sans jamais y parvenir ;
Ce jeu m’a rendu gambler, alors que je ne l’étais absolument pas avant, au point de me retrouver à deux reprises dans les tournois live à me retrouver à jouer pour ma vie dans le tournoi dès les premiers niveaux…

Résolution 2010

- Le PLO est un jeu addictif. J’ai trop souvent joué alors que je n’étais pas en condition… Il est important de lutter contre son envie afin de jouer qu’à des moments où on se sent bien !
- J’aimerai parvenir à mieux sélectionner les tables, ne jouer que lorsqu’il y a un client… Ce n’est pas nécessaire de se mesurer aux nombreux joueurs réguliers d’Ongame comme Sami Kelopuro, Antony Lellouche ou encore Theo Jorgensen ;
- J’aimerai aussi parvenir à changer de vitesse quand je perds. Même si ce n’est pas encore 100% rationnel à mes yeux, j’aimerai apprendre à être moins agressif lorsque je perds ;
- J’aimerai aussi me fixer un stop-loss, réussir à quitter la table à cinq caves de pertes ferait une grande différence à la fin du mois.
Pour toutes ces raisons, je pense que le mieux pour moi c’est de ralentir le rythme des tables de PLO en ligne et de me consacrer à ma réelle passion : les tournois de poker.
En recommençant dans un premier temps à pratiquer les MTTs online afin d’être à jour des nouveaux moves à la mode et afin d’avoir au point les automatismes nécessaires pour réussir sur le circuit live. Je n’ai pas eu l’impression d’avoir perdu mon temps : je me suis beaucoup amusé et j’ai appris pleins de choses, tout en en retirant des gains.
J’ai juste l’impression qu’en continuant, je risque de dérégler mon jeu de tournoi et de No-Limit Hold’em. Et je n’ai ni le besoin ni l’envie de prendre des risques non nécessaires pour ma santé et mon portefeuille !

L’année 2010 compte beaucoup à mes yeux, je veux prouver que mon ROI de 0% des tournois live de l’année 2009 est en dessous de la réalité. Bien que celui de 1000% en 2008 était au-dessus, certainement…
C’est l’heure de se remettre en question au calme dans mon village qu’est Bruxelles, avant d’attaquer l’année 2010 avec le PCA au Bahamas, et avec mes nouvelles résolutions que je vais essayer de tenir cette fois-ci !

KitBul

1 commentaire:

Anonyme a dit…

salut davidi, super interessant ton post sur ton aventure PLO! je me retrouve un peu dans ton experience du tilt qui tue...

je suis un pote a sacha, j'ai fait 25k en cash game NLHE 5/10 et 10/20 sur PS en decembre (a partir de seulement $20 que j'avais sur mon compte le 01/12), et je pense que je n'aurais pas pu y arriver sans un programme que j'ai mis au point qui controle TRES efficacement le tilt dans les moments critiques...
j'ai beaucoup pensé a isildur1 et
durrrr en faisant ce programme...
ca leur aurait sans doute evité de
perdre des millions...

ce serait cool de prendre un verre ensemble un de ces 4.

en plus je vois que tu vas faire le PCA et il se fait que je suis pour plusieurs semaines sur Miami et je passerai peut-etre par les Bahamas.

a+ & gg

ff101@noonsoon.com

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