mercredi 25 février 2009

Je le revendique : je suis un joueur de tournoi !

Dans un article précédent, je vous faisais part de ma passion pour le jeu « Qui est-ce ? », un jeu qui, loin d’être seulement destiné aux plus jeunes, me fut en réalité essentiel pour m’aider à dresser le profil de mes adversaires, et à discerner leur style de jeu.

Le profil des adversaires auxquels on fait face à la table est un élément nécessaire… Mais je pense qu’il est encore plus important de se connaître soi-même, d’identifier ses propres qualités et défauts.

Le poker comprend un vaste panel de disciplines différentes : le Omaha, le Texas Hold’em, le Stud, et j’en passe. Chacune de ces disciplines peut être joué de plusieurs manières différentes : en Limit, en No Limit, en Pot-Limit… Et chacune de ces façons de jouer se décline dans différents formats de jeu : cash-game, tournoi à une table, tournoi multi-tables…

Un bon joueur se doit de connaître l’ensemble des jeux et formats qui composent le poker. Non pas dans le but de devenir un expert à chacun de ces jeux (une tâche sans doute impossible, sauf pour quelques rares génies), mais plus modestement pour être en mesure de déterminer quel jeu, et quel format convient le mieux à votre profil et à votre personnalité.

Apprenez à calculer votre edge

En ce qui me concerne, j’ai progressivement réalisé au cours de ma carrière à quel point mon edge (mon avantage) était supérieur en tournoi. J’ai réalisé que mon esprit faisait plus part à la logique, à la stratégie et à la psychologie, plutôt qu’à la rigueur, l’analyse statistique et les mathématiques.

Le cœur à ses raisons que la raison ignore… C’est en suivant l’un de mes adages favoris que j’évalue mon edge. Au poker, il faut écouter votre cœur… quand il bat la mesure au rythme des cartes, quand il frémit dans la victoire, mais aussi dans la défaite. Ecoutez, et vous découvrirez les choses qui accélèrent vos battements. Est-ce la peur, ou plutôt le défi ? Le déterminisme, ou la combativité ? Le calcul, ou la stratégie ?

La raison vous permettra de mettre un peu de cohérence dans tout ça, mais le vrai secret (si secret il y a !), c’est avant tout dans le cœur qu’il réside. Qu’est-ce que vous aimez le plus au poker ? Pour calculer votre edge, faites l’exercice…

En ce qui me concerne :

- J’aime relancer under the gun avec des suited connectors
- J’aime flat-call ma paire d’As, en anticipant un squeeze derrière moi
- J’aime profiter d’un adversaire ayant peur de sortir d’un tournoi à la bulle
- J’aime sur-relancer les voleurs de blindes
- J’aime changer de vitesse selon la hauteur des blindes
- J’aime jouer de mon image
- J’aime mettre la pression sur les gros tapis
- J’aime gambler quand j’ai un gros tapis
- J’aime voir la salle du tournoi se vider petit à petit

Pour toutes ces raisons, je le revendique : je suis un joueur de tournoi !

Passion et compétition

Au poker, j’ai besoin d’un enjeu autre que l’argent : je suis un compétiteur avant tout ! Chez moi, comme chez la plupart de mes amis du Team Winamax, ce goût de la compétition n’est pas arrivé en même temps que le poker, mais bien avant. La compétition est un moteur qui guide mes pas depuis tout petit, qui me permet de vivre (de) mes passions et de mes rêves.

Ma première passion fut le football, où j’ai débuté au poste de défenseur. Les expressions « tenir son homme », « revenir défendre », « le sacrifice pour l’équipe », « collectif, collectif » sont des vertus essentielles pour devenir un bon joueur de défense. Même si le défenseur a la possibilité d’exister sans forcément se sacrifier, j’avais trop souvent le sentiment que je travaillais dans l’ombre, que j’étais là pour permettre aux attaquants de s’amuser. Cela me manquait de ne pouvoir tenter un petit pont, de devoir resté cantonné au marquage d’un attaquant lent, sans pouvoir monter plus haut. Comme ils ont l’air de s’amuser balle au pied, les Messi ou les Ronaldinho… à tel point qu’ils n’en deviennent que meilleurs !

J’ai commencé le football en tant que défenseur, au même titre que j’ai débuté le poker en cash-game. Le poste défensif au football et le cash-game au poker ont ceci en commun qu’ils privilégient les valeurs de rigueur, de discipline et de discrétion.

En devenant attaquant, et compte tenu de l’expérience que j’avais acquise en tant que défenseur, j’ai pu développer ma passion du football de la même manière que j’ai pu développer un poker solide post-flop en tournoi, parce que j’avais eu la chance d’acquérir une vraie expérience en cash-game.
C’est tout simple : comme dans toute passion, plus on s’amuse, plus les résultats sont bons... Et plus les résultats sont bons, plus on s’amuse !

Tournoi vs Cash Game

J’entends souvent dire, de la part d’autres joueurs, ou sur les forums internet, que le cash-game, c’est la sécurité, par opposition aux tournois qui sont des loteries.

Or, je pense sincèrement qu’en jouant un gros volume de tournois en ligne, et en participant à un maximum d’épreuves live (selon votre budget), les risques de faillite pour un bon joueur sont extrêmement faibles, et le rendement potentiellement très intéressant.

Quand un joueur devient professionnel, il recherche avant tout la sécurité. Et il y a obligation de résultat ! La condition sine qua non pour y parvenir est un rigoureux « money managment ». Une mixture de discipline, de gestion, de contrôle de ses émotions, dont les contours se définissent par les besoins de chacun en termes d’ambition, et la peur de finir broke.

S’il est incontestable que la variance est plus élevée en tournoi qu’en cash-game, mais à mon sens, la sécurité tant convoité est une caractéristique que l’on retrouve plus dans les tournois.

En effet, dès l’instant où vous choisissez votre tournoi en fonction d’un budget déterminé, vous savez exactement combien vous allez dépenser. En cash-game, on ne peut pas prévoir de quoi demain sera fait. Beaucoup de joueurs pourront témoigner du fait qu’on peut se « broke » après une seule partie ou session.
Personnellement, je n’ai jamais été broke depuis que j’ai commencé à jouer au poker, et sincèrement, je ne vous cache rien en vous avouant que je n’ai nullement l’envie de l’être un jour !
Qu’on ne se méprenne pas… J’admire tout particulièrement ces joueurs de cash-game qui font preuve d’une rigueur exemplaire et d’un mental d’acier. Des joueurs ultra-doués comme Johny001, xxTallxx ou SirCuts m’impressionneront toujours. A l’heure où la théorie est révélée au monde, à l’heure où des logiciels ultra-performants font les calculs à notre place, cela demande une forme de génie, d’intelligence supérieure pour être un joueur gagnant au plus grosses tables de cash-game en ligne.

En ce qui me concerne, suite à une année 2007 entièrement consacrée aux tournois, j’ai voulu me lancer un nouveau challenge durant la seconde partie de 2008 en reprenant le cash-game. Sauf que cette fois, j’allais jouer en Pot-Limit Omaha.

Après avoir gagné pendant six mois consécutifs, j’ai connu un mois de janvier 2009 des plus troubles, au cours duquel j’ai perdu 75% de mes gains. J’ai réalisé à quel point la variance peut-être terrible en PLO. J’ai réalisé l’importance d’un money managment rigoureux et approprié.
J’ai dès lors pris la résolution de conserver les tournois multi-tables comme activité principale, tout en adoptant une gestion en cash-game inspirée de Phil Ivey. Ce dernier suit religieusement une règle consistant à quitter la table dès qu’il a perdu deux caves, tout en restant plus longtemps quand les choses se passent bien.

Je vous tiendrai au courant des résultats obtenus avec cette nouvelle approche des jeux à forte variance...

Je conclurai en précisant que je n’ai nullement essayé de vous convaincre dans ce blog de la supériorité des tournois pas rapport aux cash-games. Mon but était avant tout de vous inciter à rechercher votre edge, de trouver le style de jeu qui correspond le mieux à votre profil. Ne vous contentez pas de votre intellect. Ecoutez également votre cœur, et la passion qui est en vous ! Sans eux, le poker deviendrait un travail comme les autres…

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