“Comme on a dit”, cette expression inventée par un certain Yoni Kissous au début des années 2000 et utilisée entre amis depuis des années, a fait fureur à Las vegas !
Elle est devenue la réplique phare du team et de tous ceux qui l’entourent : autres joueurs, journalistes, strip teaseuses… Je remercie les wameurs d’avoir largement diffusé cette expression dont ils ont immédiatement reconnu la qualité…
A cause d’une élimination prématurée au niveau 1 du main event du day 1A, les WSOP, c’est malheureusement fini pour moi !
Etre parmi les 10 premiers éliminés sur un field de près de 7000 joueurs est un véritable exploit, sans doute bien plus difficile à réaliser que d’atteindre une table finale!
Et pourtant… j’avais toutes les clés en main pour réaliser un bon main event : une structure de blind de rêve me permettant de jouer au vrai poker, de voir des flops et ainsi de profiter de mon edge pour raser ces nombreux amateurs qui, impressionnés par la cagnotte en jeu cette année, tentent presque aveuglément leur chance !
Cette structure de rêve m’a donné l’envie de craquer la paire d’as de mon adversaire que j’avais relevée avec certitude préflop lorsqu’il squeeze hors position sur 3 joueurs la mise de 500 à 1500 seulement!
Je paie avec 10Q’cc pour trouver un flop 9 10 Q, j’attends tout de même le turn (un inoffensif « 2 ») pour relancer, il me paie avec sa paire d’as. A la River vient la doublante du 9 qui m’envoie hors du ring !
Retour en arrière : j’arrive à Vegas encore plus motivé que l’année dernière
J’étais résolument prêt à retrouver cette année les belles sensations vécues l’année dernière à Vegas (bracelet, tables finales,…).
J’ y ai d’ailleurs mis toutes les chances de mon côté cette année en m’inscrivant à 14 events, soit le double de l’année dernière.
Je remercie tous ceux qui m’ont soutenu après mon début difficile au WSOP : 4 events sans jamais survivre après le dinner break !!! (cf. mon blog précédent où je whinais un max!).
Cela m’a permis de me remettre en question, d’adapter mon jeu et de mettre enfin tout en œuvre pour retrouver la motivation nécessaire.
J’ai fait ensuite 2 bulles successives au 6-handed 1.5k$ KK vs AQ et au shootout où 55 vs k3 sur 2 4 5 9. J’avoue que cela m’a beaucoup affecté moralement et que cela a influencé négativement les 2,3 tournois qui ont suivi.
J’attendais impatiemment le « World Championship Heads-Up », tournoi qui requiert une attention particulière, un moral d’acier et une confiance en soi résistante à tout épreuve face aux nombreux spécialistes de la discipline.
J’ai call un 4-bet avec AQ suited pour trouver un As sur le flop et m’envoyer en l’air face au AK de mon adversaire.
Chaque erreur technique est lourdement sanctionnée, AQ étant une des plus mauvaises mains pour subir un 4-bet dans la mesure où elle est souvent confrontée à AK ou KK, des mains qui la dominent bien trop souvent.
Oublions d’ores et déjà le tournoi qui a suivi en « pot-limit omaha » dans lequel j’ai complètement tiiiiilté … !!
Malgré mes échecs, je me devais de relancer la machine et je ne pouvais passer à côté de mes WSOP.
Le courage de renverser la tendance m’est revenu grâce au soutien et aux nombreuses discussions que j’ai pu avoir avec mes amis du team ainsi qu’avec Yuestud, notre tram manager. La table finale d’Almira et de Tallix m’ont également redonné l’espoir!
1ère place payée lors du tournoi shoutoot à 5k$ où j’ai pu oublier la désillusion vécue lors du shootout précédent. Table pourtant difficile avec Manub, Isaac Baron et d’autres requins en tout genre. J’ai dû me battre comme un lion pour enfin passer le premier round et atteindre une place payée ! Round suivant, 6 joueurs par table cette fois, pour atteindre une table finale à 5 joueurs seulement. Malheureusement, je perds en heads up face à Peter Traply, futur gagnant du tournoi.
Pas trop de regret, j’arrivais enfin à ma première place payée au wsop 2009 ; la machine serait-elle lancée? Pourrais-je enfin entrevoir l’ouverture pour confirmer mes résultats obtenus l’année dernière?
Je savais que les mauvaises langues m’attendaient au tournant et plus particulièrement lors du tournoi qui allait suivre, le « World Championship Pot-Limit Holdem », tournoi que j’avais remporté l’année dernière, qui m’offrait mon premier bracelet, qui m’avait consacré champion du monde de la discipline.
Vu le buy in fixé à 10k$, le field est plus réduit que l’année dernière et il est composé de joueurs de meilleur qualité.
J’ai également dû m’adapter aux nouvelles particularités du tournoi : ’sans ante’ pas besoin de flamber, choix de mes spots et respect des relances de mes adversaires.
Très peu de 3-bet, aucun 4-bet … une image travaillée, qui m’a valu beaucoup de crédit aux yeux de mes adversaires pour voler des blinds ou des petits pots.
J’ai fait un gros bluff au day 1 lors d’un de mes rares 3-bet avec 10 Q, sur un board A 4 4 7 j’ai payé un bet de la moitié de mon tapis, et envoyé le reste de mes jetons à la rivière après le check de mon adversaire.
A l’exception de ce coup de bluff, aucune prise de risque inutile au Day 1. Je conclus la journée avec un tapis dans la moyenne.
Au Day 2, vu l’augmentation des blinds, le jeu se déroulait plus souvent preflop de telle sorte qu’il fallait remporter d’importants coin flip. Ma fiancée, la chance, qui avait rompu notre relation tumultueuse depuis mon arrivée à Vegas, a décidé de me donner un ptit coup de pouce en me permettant de remporter un gros pot KK vs AA pour une grosse partie de mes jetons. Je travaillais constamment mon image, je foldais par exemple 3 tours d’affilés pour ouvrir 3 mains consécutives afin de voler les blinds. Mes adversaires m’ont accordé énormément de respect en réagissant très peu à mes agressions, jamais un 3-bet, plusieurs walks, … Cette stratégie m’a permis de conserver calmement mais sûrement l’average du tournoi.
Au day 3, avec un tapis dans l’average et avec uniquement 14 joueurs restants, mes espoirs étaient élevés d’atteindre la table finale. J’ai très vite remporté 2,3 flips pour me retrouver 2ème chip leader. Soutenu inconditionnellement par mon frère, mon père, les membres du team Winamax, des joueurs belges du circuit et bien d’autres amis et connaissances, j’ai pu enfin revivre les énooooormes sensations ressenties l’année dernière!
Une structure de blind en table finale un peu décevante par rapport à l’event PLH 2k$ de l’année dernière, j’étais conscient qu’il allait falloir gagner des confrontations préflop.
Je me suis permis de 3-bets à 2 reprises Isaac Haxton, le joueur le plus agressive de la table, et de folder des grosses mains face à Kirill Gerasimov (notament 99 en bataille Bouton-BB).
Je suis passé à coté de la victoire lorsque j’ai perdu un flip AJ vs K10 à 6 joueurs restants pour un pot qui m’aurait permis de prendre un gros chip lead avec presque la moitié des jetons restants.
Mais comme on dit communément dans le milieu, ” I cannot complain !”, je termine en 4ème place pour un gain de 180k$. Une belle perf qui arrive au bon moment !
Tournoi suivant, le 6 handed 5k$, tournoi que j’affectionne particulièrement et pour lequel j’avais également atteint la table finale l’année passée. La confiance était au rendez-vous et sa place prépondérante dans ce type de tournoi allait me permettre de m’amuser au Day1, en adoptant un jeu très agressive et souvent loose et en choisissant minutieusement tantot d’attaquer une cible composée des joueurs les plus faibles et tantot de ralentir le rythme face aux adversaires les plus coriaces. Un changement de vitesse qui a bien fonctionné pour atteindre le day 2 et plus tard l’argent avec un tapis assez conséquent.
Tout était beau … trop beau sans doute, je me sentais dans la zone comme dirait l’autre… Je me sentais invincible, rien ne pouvait m’arrêter … enfin … rien avant que n’arrive ce coup à 82 joueurs restants : Je reçois QQ au bouton, je call une relance d’un russe qui me paraissait plutôt TAG (Tight-Agressive), la BB call aussi. Flop KhQx8h, il mise 11500 je relance à 28000, après hésitation il paie.
Turn doublette du roi, il check raise ma mise de 35000 à tapis 135000, je snap-call, il retourne K9, river K qui lui donne un carré!
Je viens de perdre un pot à 360k soit proche de 3x l’average à 80joueurs restants, dans une situation où il a quasi aucune chance sur le flop et 15% sur le turn.
Difficile à digérer, perdre un bad beat dans un moment clef du tournoi c’est dur pour tout joueur pro!
« Cannot complain », 3ème cash des WSOP, après ce début difficile je n’imaginais plus un bilan aussi positif!
Bilan final
Je suis globalement content de mes WSOP, je n’ai jamais connu autant de bad beat mais au moins la malchance m’a épargné le temps d’un tournoi, du début jusqu’à la « presque fin ».
La synchronisation de chatte, comme on appelle ça dans le team, n’a pas été mauvaise…
Je suis très content de mon niveau de jeu dans les tournois shootout et dans les tournois 6 handed. J’ai su m’adapter aux particularités de ces disciplines.
J’ai par contre été très mauvais dans les tournois de Pot-limit Omaha, discipline dans laquelle je me suis pourtant beaucoup entraîné en cash game online sur Wianamax. Je vais devoir m’entraîner encore bien plus l’année prochaine dans ces tournois PLO parce que je réalise à quel point c’est différent !
Je suis également déçu de mon tournoi « heads up », je rêvais d’y participer depuis longtemps, je me suis beaucoup entraîné en ligne et je me sentais prêt à réaliser une perf…
Quoiqu’il en soit, j’ai pu retrouver des sensations fortes de poker à Las Vegas, celles qui me permettent d’affirmer haut et fort que le tournoi live c’est mon grand kiff J
Les bons résultats obtenus et les aléas me stimulent et m’incitent à continuer à progresser dans mon jeu. « Il y a du monde sur la corde à linge », la seule manière de se distinguer des trop nombreux concurrents dont la quantité est en perpétuelle croissante est (i) d’adapter continuellement son jeu aux évolutions du poker et des mentalités, (ii) de travailler sans relâche son jeu sans jamais prendre pour acquis une stratégie gagnante, (iii) de réussir à faire face aux inéluctables périodes de mauvais run, (iv) de ne pas lâcher la chance quand elle se présente à vous et enfin (v) de remettre son jeu perpétuellement en question en écoutant les conseils avisés des autres professionnels
J’ai par ailleurs eu le privilège d’éliminer certains joueurs de prestige comme Isaac Haxton, Jason Lester, John Juanda,…
Pour clôturer, je voulais remercier toutes les personnes qui sont venues me rendre visite à Las Vegas : mon frère, ma mam et mon pap, mon cousin Isaac, mon cousin de Denver Brett, mon cousin de Toronto Ami, mes amis belges, les amis des amis, les amis des amis des amis, …
Et « comme de bien entendu » remercier toute l’équipe Winamax, on a partagé d’excellents moments tout au long de cette longue aventure humaine de presque 2 mois,
Et bien entendu les plus cool Yu Regis et Benjo !
Pour le reste à venir, je n’ai que 4 mots à dire :
Comme on a dit ….
P.S : Pendant que j’écris ces lignes Ludo est chip leader du Main Event pretty sickkk, bonne chance à toi l’artiste ainsi qu’à Tallix, Yu, Patrick et Alex !
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2 commentaires:
ces wsop ne sont même plus une confirmation de l'an passé, car tu n'as plus besoin de confirmer.
c'est juste l'affirmation que tu n'es plus le meilleur joueur belge live, mais un joueur de tournoi de l'élite mondiale.
good run to you,
oliver
Au final, avec tous les buy-ins dépensés, et les quelques places payées, dont la grosse à 180k, tu es en positif de combien ?
:-)
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